L’IMPACT DE LA COVID-19 : Leçons de bien-être tirées du déploiement militaire

Russell Mann, col (ret), OMM, MSM, CD, MBA, PMP

15 juillet 2020

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Je suis un vétéran qui a vécu de nombreux déploiements et affectations à l’étranger dans le cadre de mon service au sein de l’armée canadienne, et je dois dire qu’au cours des derniers mois, en abordant le contexte de la pandémie, j’ai ressenti une sensation qui m’était familière. En réfléchissant à mon confinement dû à la COVID‑19, j’ai eu l’impression d’avoir déjà vécu une telle situation auparavant. À l’égard des consignes de distanciation physique et celles recommandant de rester « en sécurité à la maison », je ressens la même énergie nerveuse, le même enthousiasme et le même stress qu’à chacun de mes déploiements ou que chaque fois où je me rendais à une affectation à l’étranger.

La pandémie de COVID-19 a officiellement frappé le Canada le 27 janvier 2020. Si nous avions été en attente pour un déploiement, c’est à ce moment-là qu’on nous aurait dit de se préparer à partir. J’avais le pressentiment désagréable que mon monde – notre monde à tous – était sur le point de changer.

Vers la mi-mars, partout au Canada, les provinces et les territoires déclaraient l’état d’urgence. Pour moi, c’était comme si nous avions enfin reçu l’ordre de nous déployer dans le cadre d’une nouvelle mission en pays étranger. Mais cette fois-ci, le pays étranger était ici, chez nous, et tout le monde était touché de différentes façons par l’impact de la pandémie sur notre économie, notre société et nos relations avec les autres – ceux avec qui nous travaillons, ceux qui vivent près de nous et ceux que nous aimons.

Au début de la pandémie, comme lors des deux premiers mois d’un déploiement, tout était nouveau et changeant. J’observais mon nouvel environnement et j’apprenais comment réagir et m’adapter à cette nouvelle routine; je découvrais comment survivre et fonctionner dans un contexte ponctué d’habitudes, de menaces et de lieux étrangers. C’est pourquoi, lorsqu’on m’a demandé de rester à la maison, de me laver les mains, de porter un masque et de me tenir à distance des personnes que je connais et en qui j’ai confiance, je me sentais comme dans mes premières semaines d’un déploiement – mon mot d’ordre dans les deux premiers mois était d’OBSERVER, de RÉAGIR et de m’ADAPTER.

Nous en sommes maintenant au troisième mois – et un peu plus – de la pandémie, et je retrouve à nouveau des sensations qui me sont familières, alors que les longues heures d’une routine contraignante ressemblent à l’étape suivante d’un déploiement. Désormais, je dois constamment me rappeler à moi-même, ainsi qu’à ma famille et à mes amis, que nous devons rester vigilants en maintenant la distanciation, le port du masque et le lavage des mains, et ce, parce que nous sommes fatigués. C’est dans ces moments-là que nous sommes les plus susceptibles de devenir conciliants et de négliger notre routine, ce qui pourrait entraîner des conséquences malheureuses et peut-être même une incapacité à poursuivre l’opération. Mon mot d’ordre, au cours du troisième mois et les suivants, était de maintenir la ROUTINE, la DISCIPLINE et de PRENDRE SOIN DE MOI.

Je ne cesse de me répéter que je dois m’en tenir à ma routine.

Ce à quoi je revenais après un déploiement était toujours différent de ce que j’avais quitté. Je devais me réhabituer à une nouvelle « normalité actuelle », même lorsque je rentrais chez moi.

Actuellement, je me demande si ma formation militaire, en plus de ce que j’ai vécu et appris, saura me guider et guider d’autres personnes à travers ce qui nous attend. Lors de chaque déploiement, j’avais une bonne idée du moment où je laisserais ma « normalité actuelle » d’opération dans un milieu étranger pour réintégrer la routine qui m’était familière avant le déploiement. Pendant que j’étais ailleurs, je me surprenais parfois à croire que j’allais retrouver les choses exactement comme elles étaient avant, alors qu’en fait, rien dans la vie n’est figé. À mon retour de déploiement, je trouvais toujours ma routine changée, parce que mon foyer avait continué de grandir et d’évoluer en mon absence. Ce à quoi je revenais après un déploiement était toujours différent de ce que j’avais quitté. Je devais me réhabituer à une nouvelle « normalité actuelle », même lorsque je rentrais chez moi. À mon avis, lors de la transition vers une société post-pandémique, le mot d’ordre sera à nouveau d’OBSERVER, de RÉAGIR et de s’ADAPTER.

Alors que nous continuons de progresser au milieu de cette pandémie, il est possible que nous soyons tenus de nous restreindre à la routine, de faire preuve de discipline dans notre quotidien et de prendre soin de nous-mêmes et des autres afin de favoriser notre bien-être pendant une période beaucoup plus longue que celle à laquelle j’étais habitué lors de mes déploiements, soit entre six mois et un an. Alors j’espère, afin de préserver notre santé, d’optimiser notre bien-être, de maintenir et de protéger nos liens, et de grandir de cette expérience sur le plan individuel et collectif, que nous saurons tirer parti de la sagesse et de l’expérience militaires et que nous serons en mesure d’appliquer cette approche testée et vérifiée qui fait valoir l’importance de la ROUTINE, de la DISCIPLINE et des SOINS.

Russell Mann, col (ret), OMM, MSM, CD, MBA, PMP, Consortium de recherche sur la famille et Indice du bien-être de la famille, Institut Vanier de la famille

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