Cadre sur la diversité et le bien-être des familles

Élaboré par l’Institut Vanier de la famille en concertation avec des partenaires universitaires et gouvernementaux, le Cadre sur la diversité et le bien-être des familles constitue une feuille de route conceptuelle ayant pour but de mieux comprendre les familles dans toute leur diversité. S’appuyant sur trois perspectives qui s’entrecroisent – la structure familiale, le travail familial et l’identité familiale – le Cadre fournit une référence pour la discussion, l’avancement des connaissances et la prise de décisions, en vue d’optimiser le bien-être des familles au Canada.

Pourquoi s’intéresser à la diversité familiale?

De nos jours, les discussions entourant les familles au Canada portent souvent sur la façon dont elles ont évolué et se sont diversifiées. On peut en effet se réjouir d’une telle diversité et de l’incroyable mosaïque familiale qui en ressort. Mais il faut toutefois noter que si certaines familles s’avèrent prospères, d’autres se voient plutôt marginalisées.

Or, il appert que nous n’avons pas encore trouvé le moyen de réfléchir de façon systématique à la diversité des familles et aux inégalités qui peuvent y être inhérentes. Il importe donc de déterminer l’étendue de nos connaissances sur les familles au Canada dans toute leur diversité et d’en cerner les lacunes, afin de générer des données probantes en mesure d’éclairer l’élaboration de politiques, de programmes et de services susceptibles de mieux soutenir le bien-être des familles.

S’appuyant sur les données de recherche, ce cadre analyse la diversité familiale selon trois angles : la structure familiale, le travail familial et l’identité familiale. Chacun d’eux met l’accent sur une manière différente de voir les familles, met en relief les facteurs susceptibles de renforcer ou de compromettre le bien-être des familles et permet de faire ressortir les domaines dans lesquels notre compréhension est actuellement limitée. La signification que revêt chacun des angles, les raisons qui justifient leur importance ainsi que les domaines d’études à privilégier en fonction des problèmes actuels de la société canadienne y sont décrits ci-après.

Nous sommes par ailleurs conscients que de telles priorités sont susceptibles de changer suivant l’évolution plus large du contexte social et culturel.

L’Institut Vanier de la famille. (2022). Cadre sur la diversité et le bien-être des familles. https://vanierinstitute.ca/fr/cadre-sur-la-diversite-et-le-bien-etre-des-familles

Sous l’angle de la structure familiale

Analyser la diversité familiale sous l’angle de la structure familiale nous aide à voir comment les personnes sont liées au sein des familles par leurs relations avec les autres membres. Ce type d’information nous pousse à réfléchir à la façon dont nos lois et nos politiques en matière de formation et de dissolution des familles façonnent à la fois les familles et la vie de famille.

En quoi cet angle est-il important : La façon dont les familles sont structurées reflète les valeurs et la législation en vigueur relativement à la formation et à la dissolution des unions, à la procréation ainsi qu’aux responsabilités socioéconomiques de chacun des membres. La structure familiale a également une incidence sur les responsabilités légales à l’égard des enfants, notamment sur les personnes avec qui ils résident, et sur les personnes habilitées à prendre des décisions concernant leurs soins de santé et leur éducation.

Domaines d’étude à privilégier : Les structures générationnelles (p. ex. les familles sans génération intermédiaire ou les foyers multigénérationnels), les structures parentales (p. ex. les parents seuls, la garde partagée) et les structures non apparentées (p. ex. les familles d’accueil et les familles choisies).

 

Sous l’angle du travail familial

S’intéresser au travail effectué par les différents membres de la famille procure un éclairage sur les tendances en matière de travail rémunéré et non rémunéré au sein des familles. Cette perspective nous incite à réfléchir à la fois aux effets que peuvent avoir les politiques publiques et les politiques en milieu de travail sur l’adoption de diverses modalités de travail ainsi qu’aux multiples répercussions que de telles modalités peuvent avoir sur la vie familiale.

En quoi cet angle est-il important : La répartition du travail rémunéré et non rémunéré entre les membres de la famille a une incidence sur les possibilités de participer au marché du travail et sur l’accès à diverses prestations, comme les pensions, les congés parentaux et les prestations pour proches aidants. La répartition du travail au sein du ménage donne un aperçu de la manière dont le travail formel et informel est à la fois valorisé et soutenu.

Domaines d’étude à privilégier : Le travail à haut risque (p. ex. les familles des militaires et des premiers intervenants), le travail impliquant des périodes d’absence (p. ex. la pêche et l’extraction de ressources, les longs déplacements journaliers), le travail précaire ou marginalisé (p. ex. les petits salariés, les travailleurs saisonniers et les travailleurs contractuels à court terme) et le travail d’aidant (p. ex. prendre soin d’enfants à charge ou d’adultes souffrant de maladies chroniques ou d’incapacités).

 

Sous l’angle de l’identité familiale

L’identité familiale est constituée des habitudes, des rituels, des traditions et des caractéristiques qui unissent les membres de la famille les uns aux autres. S’attarder à l’identité familiale nous permet de voir comment les familles se perçoivent elles-mêmes et comment elles sont perçues et dépeintes par les autres.

En quoi cet angle est-il important : L’identité familiale crée un sentiment d’appartenance à une communauté plus large avec laquelle les familles partagent des caractéristiques et des expériences communes. Il arrive toutefois que des familles se voient accoler une identité, ce qui ouvre la porte à la stigmatisation, à la marginalisation et à l’exclusion.

Domaines d’étude à privilégier : La race ou l’ethnicité (p. ex. les familles autochtones, les familles noires), la citoyenneté (p. ex. les réfugiés), la religion (p. ex. musulmane, juive), le sexe et le genre (p. ex. les personnes LGBTQ2S+).

 

Le bien-être de la famille

Inspirés de travaux de recherche antérieurs sur le bien-être des individus et des groupes1, nous considérons que le bien-être familial comporte trois dimensions : matérielle (ce que les gens possèdent), relationnelle (leurs liens sociaux) et subjective (leur sentiment d’adéquation entre leurs aspirations et objectifs, et leurs expériences).

Pourquoi est-ce important : Toutes les familles, quelle que soit leur forme, aspirent au bien-être. Lorsque l’on comprend mieux la diversité familiale, il est possible d’avoir une influence sur les facteurs susceptibles de renforcer ou de compromettre le bien-être des familles au moyen de politiques et de services appropriés; les conséquences indésirables seront ainsi plus facilement évitées.

L’Institut Vanier s’engage à diffuser des données probantes sur la diversité familiale afin de faciliter la prise de décisions éclairées en appui au bien-être des familles. Nos intervenants doivent disposer des plus récentes informations pour être en mesure de répondre aux fluctuations des conditions sociales, alors que la vie de famille reflète l’évolution de certains concepts, notamment ce qui constitue une famille, le partage du travail entre les membres de la famille, l’influence des politiques et des pratiques en milieu de travail ainsi que la manière dont les familles construisent leur identité. La société étant de plus en plus diversifiée, ce cadre offre suffisamment de souplesse pour étudier, dans une perspective familiale, le large éventail d’expériences qui s’avèrent importantes pour la communauté de l’Institut Vanier et ses membres.

Ce cadre de référence a été élaboré par Kim de Laat, Ph. D., Norah Keating, Ph. D., et Margo Hilbrecht, Ph. D., de l’Institut Vanier de la famille, en concertation avec les partenaires de l’Institut Vanier.


Note

  1. MCGREGOR, J. A., et N. POUW, « Towards an economics of well-being » dans Cambridge Journal of Economics, vol. 41, no 4, 2017, p. 1123-1142. https://doi.org/10.1093/cje/bew044
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