Recherche en bref : La COVID‑19 et la mobilité liée à l’emploi au Canada

Gaby Novoa

16 juillet 2020

La pandémie de COVID‑19 a eu une incidence majeure sur les tendances de l’emploi au Canada avec les mesures de confinement économique et de santé publique entrées en vigueur en mars 2020 et touchant une main-d’œuvre de plus en plus mobile.

Tout au long de la pandémie, le Partenariat en mouvement – un projet de recherche auquel participent L’Institut Vanier et des partenaires universitaires et qui explore les répercussions de la mobilité géographique liée à l’emploi – a publié des renseignements et des aperçus dans sa série La COVID‑19 et la mobilité de la main-d’œuvre. Cette recherche en bref met en lumière certains de leurs travaux sur de multiples aspects de l’incidence de la pandémie, y compris le sexe, les travailleurs migrants, les camionneurs et les répercussions sur les communautés de pêcheurs côtiers.

Walking the Empty City: Feminist Reflections on Life Suspended Under COVID-19 (Marcher dans la ville déserte : réflexions féministes sur la vie suspendue sous la COVID‑19) (en anglais seul.)

Deatra Walsh, Ph. D., fait un compte rendu de première main de son passage à St. John’s en période d’arrêt, au milieu de la pandémie de COVID‑19. Elle souligne l’idée de la marche comme « une forme particulièrement importante de mobilité », une aptitude que les femmes ne ressentent pas toujours comme un acte choisi librement ou agréable, sans souci ou préoccupation.

Walsh présente la marche comme mécanisme d’adaptation à la situation, car elle offre une routine qui peut contribuer au bien-être d’une personne, tandis que tout le reste peut être ressenti comme aléatoire et déraciné. Dans ses réflexions sur le quartier visuellement vide, elle réfléchit aussi sur la vie prépandémique. Les collectivités se sont-elles déjà distancées socialement les unes par rapport aux autres (avant qu’il s’agisse d’une mesure de santé publique obligatoire), se tournant intérieurement « vers leurs appareils électroniques et leurs activités? » se demande-t-elle. Toutefois, elle reconnaît également les symboles de solidarité – être seuls ensemble – à travers les œuvres d’art aux fenêtres et le bruit des casseroles sur le pas de la porte.

Temporary and Precarious Migration Status and the Experience of the Pandemic in Canada’s Health Care Sector: Emerging Themes (Le statut de migration temporaire et précaire et l’expérience de la pandémie dans le secteur des soins de santé au Canada : thèmes émergents) (en anglais seul.)

Shiva Nourpanah, Ph. D., et Kerri Neil explorent la manière dont la pandémie affecte particulièrement la tâche et les moyens de subsistance des travailleurs de la santé migrants au Canada. La pandémie a amplifié la vulnérabilité des personnes âgées et celle des résidents des maisons de soins de longue durée. Nourpanah et Neil soulignent qu’une forte proportion des employés de ces établissements sont des travailleurs migrants et des infirmières qui possèdent un permis de travail temporaire. Comme les travailleurs de la santé sont déjà exposés à un risque élevé d’infection et de problèmes de santé mentale, la précarité de leur statut de résident exacerbe ces tensions. Les auteurs soulèvent deux défis particuliers à cette situation complexe, à savoir que les lignes directrices sur l’isolement volontaire réduisent les quarts de travail des travailleurs de la santé, ce qui peut avoir une incidence sur leurs exigences en matière de visa en ce qui a trait au nombre d’heures obligatoires de travail. Néanmoins, des quarts de travail supplémentaires augmentent leur exposition au virus et le risque de le contracter.

De plus, la pandémie a entraîné la suspension de plans d’immigration concrets, y compris les parrainages, la réunification des familles et les mariages. Ces incertitudes ne font qu’ajouter au fardeau mental et émotionnel imposé aux travailleurs migrants temporaires. Pour ces résidents temporaires qui fournissent un travail essentiel au Canada, leur bien-être et leur statut de résident peuvent être inévitablement et négativement affectés par la pandémie. Cependant, les auteures de l’article affirment que certaines de ces répercussions peuvent être réduites par une recherche et une élaboration de politiques appropriées.

COVID‑19 and Coastal Fishing Communities (La COVID‑19 et les communautés de pêcheurs côtiers) (en anglais seul.)

Gale Burford, Ph. D., et Barb Neis, Ph. D., décrivent les façons dont les communautés de pêcheurs côtiers éloignées sont confrontées à un accès limité aux soins de santé, ce qui, associé à l’interdépendance de la mobilité au travail, soulève leurs propres préoccupations et défis dans le cadre de la gestion d’une pandémie. Bien que ces collectivités soient éloignées, elles sont néanmoins reliées aux marchés nationaux et internationaux. La pêche étant classée comme une industrie essentielle, la mobilité des chaînes d’approvisionnement crée un risque de propagation du virus. C’est un risque qui peut être difficile à éviter, car ces communautés sont aussi souvent des villes mono-industrielles et dépendent donc de ces saisons de pêche.

Dans cet article, Burford revient sur un appel FaceTime avec sa sœur qui habite Cordova, en Alaska, une ville de pêche côtière. Alors que la ville dépend du revenu de la pêche, les craintes d’exposition à l’infection avec l’arrivée des travailleurs migrants et les pressions qui en ont découlé sur les services de soins de santé étaient répandues. Ces préoccupations sont partagées par les collectivités côtières du Canada atlantique. À Terre-Neuve-et-Labrador, la saison de pêche a été retardée et d’autres retards ont encore été nécessaires afin d’élaborer des protocoles pour protéger la sécurité et le bien-être des travailleurs et celui de leurs familles. Les auteurs font remarquer que l’assurance-emploi peut contribuer à atténuer la difficulté d’évaluer la santé par rapport au besoin d’emploi et de revenu.

The Impact of the COVID‑19 Pandemic on Canadian Truck Drivers (La répercussion de la pandémie de COVID‑19 sur les conducteurs de camions canadiens) (en anglais seul.)

Parmi les services jugés essentiels dans la pandémie de COVID‑19 figurent le transport et l’expédition de marchandises. Le camionnage est essentiel au Canada, car il transporte 90 % des aliments et des biens de consommation, y compris les fournitures médicales nécessaires. Natasha Hanson, Ph. D., et Kerri Neil soulignent certains des défis auxquels les camionneurs sont maintenant confrontés sur la route en contexte de pandémie, y compris la disponibilité limitée de sources de nourriture commodes et l’accès aux toilettes.

L’industrie du camionnage connaissait déjà une pénurie de main-d’œuvre avant la pandémie. Aujourd’hui, la difficulté de maintenir le bien-être sur la route et le risque pour la sécurité dans un contexte de déplacements continus ont incité encore plus de conducteurs à prendre leur retraite ou à démissionner. Compte tenu de la dépendance au camionnage pour le transport des biens nécessaires, mais des défis que cela comporte, on ne sait pas encore quelle sera l’incidence à long terme de la pandémie sur cette industrie.

Visitez le site Web du Partenariat en mouvement pour plus de recherches et de ressources.

Gaby Novoa est responsable des communications à L’Institut Vanier de la famille.

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