Histoire

« L’héritage le plus important des Vanier pourrait bien être la pérennité de leur existence. Faisant preuve d’une grande perspicacité, ils ont rapidement compris la place importante que revêt la famille au cœur de la vie d’une nation. La création de l’Institut Vanier de la famille constitue probablement la commémoration la plus durable de celui qui, en plus d’être un fonctionnaire émérite, était avant tout un homme bon au sens le plus noble du terme. » [Traduction]

– Thomas Clement (Tommy) Douglas, C.P., C.M., SOM, 9 mars 1967 (27e législature, 1re session)

L’Institut Vanier de la famille a été fondé en 1965 dans le sillage de la Conférence canadienne sur la famille, organisée à la résidence du gouverneur général par Son Excellence le très honorable général Georges P. Vanier et Mme Pauline Vanier. Cette conférence inaugurale réunissait des Canadiens distingués de tous les paliers de la société, chacun sachant que la contribution des familles est d’une importance vitale et façonne le monde dans lequel nous vivons.

Lors de la création de cet organisme durable et dédié à la cause de notre société par le biais de la famille, la vision du très honorable général Georges P. Vanier était soutenue par le leadership du neuroscientifique canadien réputé, le Dr Wilder Penfield. Son engagement envers le rôle de l’Institut Vanier de la famille reposait sur sa croyance selon laquelle les familles façonnent qui nous sommes en tant qu’individus, et constituent ainsi une pierre d’assise de notre société.

En combinant la vision de M. Vanier, la détermination du Dr Penfield et le soutien du premier ministre Lester B. Pearson, un héritage a été créé pour les familles d’un bout à l’autre du Canada. L’expression concrète de cet héritage a pris la forme d’un fonds de dotation représentant la générosité des gouvernements, des fondations, des entreprises, des groupes religieux et des individus. Bien investis, ces fonds ont fructifié au fil des ans et continuent de soutenir le programme au cœur de l’Institut Vanier.

Cette vision et cette détermination furent complétées par la contribution de l’un des principaux fondateurs de l’Institut Vanier, le Dr Frederick Elkin. En 1964, ce dernier a étudié l’étendue des connaissances sur les familles du Canada afin de créer le texte, qui est devenu un classique, intitulé La famille au Canada, un compte rendu du savoir actuel et des lacunes à combler à propos des familles au Canada, qui fut une ressource clé lors de la Conférence canadienne sur la famille.

Depuis lors, et à partir de ces principes, l’Institut Vanier s’est établi comme une voix indépendante pour les familles au Canada. Dirigé par son conseil d’administration, qui s’appuie sur l’engagement et les compétences des Canadiens de tous les horizons et de toutes les régions du pays, l’Institut Vanier a travaillé, dans les deux langues officielles, en collaboration, et en leur nom, avec ceux qui s’emploient à étudier, à servir et à soutenir les familles (notamment, les chercheurs, les représentants élus, les décideurs politiques et les analystes, les enseignants, les étudiants, les agences de services s’adressant à la famille, les entreprises et les organismes non gouvernementaux).

Georges Vanier

Chaque famille a sa propre histoire, et l’Institut Vanier de la famille n’y fait pas exception. Voilà déjà plus de cinquante ans que l’Institut cherche à mieux comprendre les familles et la vie de famille au Canada, c’est-à-dire depuis sa fondation par le gouverneur général d’alors, Georges P. Vanier et son épouse, Mme Pauline Vanier. C’était une époque marquée par un vent de changement sur le plan socioéconomique et culturel. Dans un tel contexte, tous deux étaient convaincus de la nécessité pour les Canadiens de saisir l’importance de la famille au sein de la société. Homme dévoué et passionné, le général Vanier fut une figure marquante dans l’histoire de l’Institut et dans l’histoire du Canada.

Né à Montréal le 23 avril 1888, Georges P. Vanier a grandi dans la famille de Philias et Margaret Vanier, une famille de la classe moyenne animée d’une grande ferveur religieuse, où l’on parlait surtout l’anglais. Pendant ses études, M. Vanier a pu parfaire son français à mesure qu’il découvrait la valeur de ses racines francophones. Fervent catholique, il obtint un diplôme en études de la dévotion religieuse. Outre ses intérêts théologiques, il fut aussi un grand amateur de hockey et appréciait particulièrement les arts, ayant même écrit des pièces de théâtre et de la poésie dans sa jeunesse.

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, le général Vanier n’hésita pas à se joindre aux forces militaires, où il fut appelé à jouer un rôle de premier plan dans l’organisation du premier bataillon de soldats canadiens-français, le Royal 22e Régiment (surnommé « Van Doos » en anglais). Maintes fois décoré pendant ces années de service, il reçut notamment la Croix militaire, la Croix de la Légion d’honneur, l’Étoile de 1914-1915, la Médaille de guerre britannique, la Médaille de la victoire, ainsi que l’Ordre du service distingué.

Après la guerre, il fit la connaissance de Pauline Archer alors qu’il prenait le thé à l’hôtel Ritz-Carleton de Montréal. Mariés en 1921, ils auront cinq enfants, soit Thérèse, Georges, Bernard, Jean et Michel. Toute la famille avait l’habitude de se réunir dans le chalet familial des Laurentides, en compagnie de membres de la famille élargie. En 1942, ayant été promu major-général, Georges P. Vanier assuma plusieurs fonctions diplomatiques avant de devenir le premier ambassadeur canadien en France, en 1944, où il participa activement aux efforts d’après-guerre.

À sa retraite du monde diplomatique, toujours animé d’une profonde volonté de servir son pays, le général Vanier devint, en 1959, le premier gouverneur général du Canada né au Québec (en poste jusqu’en 1967). À ce titre, il s’employa à favoriser l’unité nationale à une époque turbulente au pays, cherchant notamment à promouvoir le bilinguisme dans le cadre de ses nombreux déplacements. Défenseur de la cause des jeunes, le général Vanier agit également à titre de Chef Scout du Canada, et institua les Prix Vanier décernés à de jeunes Canadiens éminents pour reconnaître l’excellence et les réalisations exceptionnelles.

Convaincu de l’importance de la famille pour la société, le général Vanier fut l’instigateur du Congrès canadien de la famille, à Rideau Hall en 1964, qui avait pour but de mobiliser le savoir au sujet des familles et de la vie de famille en vue d’orienter la recherche dans ce domaine au cours des années à venir. Créé l’année suivante, l’Institut Vanier fut dès lors considéré comme « une Commission royale [qui] poursuivra indéfiniment ses travaux ». Même si la ferveur religieuse des Vanier n’était pas étrangère à leurs valeurs familiales, ils ont néanmoins tenu à dissocier l’Institut et ses travaux de leurs propres convictions religieuses, afin de préserver l’objectivité et le caractère inclusif de l’organisme. Depuis sa fondation, l’Institut a toujours incarné en toute indépendance cette voix forte qui s’exprime pour consolider le savoir à l’échelle nationale au sujet des familles et de la vie de famille au Canada.

Le général Vanier et madame Vanier reposent en La Citadelle de Québec. Aujourd’hui, leur engagement envers les familles se perpétue par l’entremise de l’Institut Vanier de la famille et de ses initiatives. L’héritage laissé par le général Vanier est multiple : grâce au dévouement de ce dernier pour son pays, sa culture, et les familles qui en sont la pierre d’assise, l’Institut s’appuie sur une fondation solide depuis un demi-siècle, et saura certainement en bénéficier encore longtemps.

Pauline Vanier (née Archer)

Née à Montréal le 28 mars 1898, Pauline Archer était la fille unique de Charles et Thérèse Archer. Élevée dans une famille bilingue entourée de bonnes et de gouvernantes, elle amorça dès l’âge de 8 ans des études au Couvent du Sacré-Cœur, avant d’être retirée du système scolaire à l’âge de 11 ans pour recevoir un enseignement privé à domicile auprès de gouvernantes. Elle étudia notamment le français, l’anglais, l’italien, de même que le piano et le chant. Elle découvrit ensuite la littérature vers le milieu de l’adolescence, ce qui suscita chez elle un véritable intérêt pour le monde du savoir. Ayant reçu un enseignement religieux rigoureux dès ses plus jeunes années, elle commença à l’âge de 16 ans à faire des retraites annuelles au couvent de la Société de Marie‑Réparatrice. Après avoir songé à se consacrer à la vie religieuse, elle y renonça finalement pour suivre d’autres avenues altruistes.

C’est ainsi qu’elle décida de suivre une formation d’infirmière au cours de la Première Guerre mondiale, avant d’être enrôlée dans un hôpital militaire pour convalescents jusqu’à la fin de la guerre. À la fin des hostilités, elle se joignit à un comité chargé d’organiser le retour des soldats. C’est par l’entremise d’un ami commun qu’elle fit alors la rencontre de Georges Vanier.

Pauline et Georges Vanier se marièrent en 1921. Au cours des années suivantes, Pauline Vanier accompagna son époux qui occupa différentes fonctions à Genève, à Londres et à Paris, où elle s’engagea très activement dans diverses causes sociales. En 1940, à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, elle dut fuir Paris avec ses quatre enfants, ce qui ne l’empêcha pas de s’arrêter en chemin pour porter secours à un pilote ennemi dont l’appareil s’était écrasé. À la libération de Paris en 1944, alors qu’elle agissait comme représentante de la Croix-Rouge canadienne, elle fut la première femme d’un diplomate étranger à réintégrer la ville. Elle s’employa alors à aider les réfugiés, à organiser des centres d’accueil et des réseaux d’information, et à procurer diverses ressources aux sans-abri. Son engagement et sa compassion ont valu à Pauline Vanier la Légion d’honneur du gouvernement français en reconnaissance de son travail de bienfaisance.

À la mort de son mari en 1967, Pauline Vanier retourna vivre à Montréal. Elle devint bientôt la première femme à occuper les fonctions de chancelière de l’Université d’Ottawa, et rejoignit plus tard son fils Jean, parti en France pour fonder l’organisme international L’Arche, voué aux adultes ayant une déficience développementale, ainsi qu’à leurs aidants. Elle resta en France pendant 19 ans, d’où elle revenait tous les ans même si sa vue et son ouïe faiblissaient graduellement. Pauline Vanier mourut d’un cancer de l’intestin le 23 mars 1991, soit à peine cinq jours avant son 93e anniversaire de naissance. Elle repose également à La Citadelle de Québec.

L’Institut Vanier de la famille

En 1965, Georges et Pauline Vanier ont fondé l’Institut Vanier de la famille, dans le sillage de la toute première Conférence canadienne sur la famille organisée en juin 1964, à Rideau Hall.

« L’Institut Vanier de la famille s’apparente à une Commission royale mise sur pied pour enquêter sur les familles du Canada et apprendre tout ce qu’il faut savoir sur elles dans un monde en évolution. Mais, étant donné que le besoin de connaissances et d’enquêtes continuera aussi longtemps que nous existerons, cette Commission royale poursuivra indéfiniment ses travaux2

Georges et Pauline Vanier étaient très fervents et pratiquaient fidèlement leur religion, mais ils tenaient cependant à ce que l’Institut Vanier de la famille demeure laïque. Ainsi, les lettres patentes de constitution de l’Institut (datant de 1965) précisent la vocation de l’Institut :

  • promouvoir le bien-être spirituel et matériel des familles canadiennes;
  • étudier leurs caractéristiques et le milieu où elles évoluent sur le plan social, physique, mental, moral et financier;
  • collaborer et favoriser la coopération avec les organismes confessionnels, culturels, de bienfaisance, ou voués à l’enseignement, au bien-être, etc.;
  • solliciter l’appui de toutes les confessions religieuses au Canada et favoriser leur collaboration au bénéfice des familles.

Dans le droit fil de l’engagement de Georges et Pauline Vanier envers le bien-être des familles du Canada, l’Institut Vanier de la famille collabore encore aujourd’hui avec divers organismes de toutes les régions du Canada afin de mieux comprendre la vie de famille, les familles elles-mêmes, ainsi que leur réalité, leurs attentes et leurs aspirations.

Photo : Le portrait de Leurs Excellences a été réalisé en 1962 par le photographe de réputation internationale Yousuf Karsh. ©Collection de la Galerie d’art de Kitchener-Waterloo. Gracieuseté de la Corporation de la Ville de Kitchener, 1980.

 

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

Coady, Mary F. (2011). Georges and Pauline Vanier: Portrait of a Couple, Montréal, McGill-Queen’s University Press [imprimé].

Cowley, Deborah. « Pauline Vanier » dans CCHeritage.ca – Canada’s Christian Heritage, 27 octobre 2008.

Cowley, George. « Georges Vanier » dans CCHeritage.ca – Canada’s Christian Heritage, 20 mai 2008.

« Général le très honorable Georges Philias Vanier » dans Gouverneur général du Canada – Archives du www.gg.ca, 30 avril 2009.

Speaight, Robert. Soldat, diplomate et gouverneur général, Montréal, Fides, 1972 [imprimé].


1   Mary Coady, p. 4.

2   Allocution du Gouverneur général Georges Vanier à Sydney (Nouvelle-Écosse), le 25 mai 1966. Extrait du livre de Robert Speaight intitulé Soldat, diplomate et gouverneur général [traduction].

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