Les familles canadiennes s’adaptent : Un mariage à distance

Bien que la pandémie de COVID-19 ait touché les familles des quatre coins du Canada ainsi que le paysage socioéconomique, culturel et contextuel qui teinte leur bien-être, la vie de famille ne s’est pas pour autant arrêtée.

Qu’il s’agisse de concilier les responsabilités professionnelles et familiales, de se réunir au moment de célébrer des étapes importantes ou de s’épauler dans les moments difficiles, les gens trouvent des moyens divers et créatifs afin de poursuivre leurs activités, leur vie de famille.

Alors que les familles canadiennes s’affairent à gérer ces transitions, l’Institut Vanier de la famille s’engage à colliger, à compiler et à dépeindre les « histoires derrière les statistiques », afin de mettre en relief les forces, la résilience et la réalité des familles dans toute leur diversité au pays.


Un mariage à distance

Edward Ng, Ph. D.

1er juin 2020

Au début du mois de mai, j’ai assisté pour la première fois à un mariage en ligne. L’événement était prévu depuis longtemps, bien avant que la pandémie de COVID-19 ne soit déclarée. Une fois les mesures de confinement imposées à la mi-mars, le couple a dû repenser son projet de mariage afin que l’événement puisse plutôt se faire en ligne.

La cérémonie, qui s’est tenue à Montréal au domicile de la mariée, a finalement été retransmise sur YouTube partout dans le monde. Est-ce que ce sera la tendance dans le futur? La seule « réunion familiale virtuelle » à laquelle j’aie pris part avant celle-ci avait été organisée pour les funérailles de mon oncle, décédé il y a quelques années à Sydney, en Australie.

La cérémonie a débuté à 10 h 30, un samedi matin (ou à une autre heure, dépendamment de l’endroit où se trouvaient les invités en ligne). Après l’introduction musicale, la bouquetière et le porteur des anneaux ont fait leur entrée sous nos yeux, mais plutôt que de remonter l’allée jusqu’à l’autel d’une église, ils ont foulé le couloir de leur propre maison, lançant des fleurs et des confettis sur leur chemin. Puis a suivi la performance bien orchestrée d’un quatuor, réuni virtuellement, nous offrant quelques pièces musicales pour l’occasion. Celui-ci a cédé la place à un chœur dont les voix séparées n’en étaient pas moins harmonieuses, de là où elles nous provenaient. Puis vinrent les discours des célébrants, suivis de l’échange des vœux et des alliances, et enfin la signature du contrat de mariage. La cérémonie a duré un peu plus d’une heure et s’est terminée par une séance d’égoportraits (pourrait-on dire).

Mais dans l’euphorie du moment, ni la famille ni les invités – ni même les mariés – ne se sont souciés de savoir si nous étions présents, virtuellement. Tout n’était pas pareil – côté tenue vestimentaire, certains d’entre nous avaient choisi de revêtir leurs plus beaux atours pour l’occasion, arborant une robe de soirée ou un complet-veston, tandis que d’autres avaient plutôt opté pour un style décontracté. Les gens s’étaient adaptés tel qu’ils le jugeaient opportun, alors que nous vivions cette expérience tous ensemble, quoique séparés.

La fonction de diffusion sur YouTube a été utilisée, ce qui a permis aux spectateurs des quatre coins du monde de participer à l’événement en temps réel. Dès le début de la cérémonie en ligne, nous avons constaté que de nombreux souhaits et commentaires de félicitations défilaient sous nos yeux. La famille, les amis et les proches de Montréal, d’Ottawa et de Toronto, ainsi que des États-Unis, d’Europe, d’Australie et d’Asie ont transmis leurs vœux au couple. Un invité a fait remarquer que c’était la première fois que les gens présents à un mariage pouvaient apporter leurs commentaires et faire part de leur appréciation du moment aussi instantanément.

En faisant le mariage en ligne, davantage de personnes ont pu y assister, dont certaines qui n’auraient pas pu y participer autrement. Pour ma propre famille, rejoindre Montréal constitue au moins deux ou trois heures de route dans chaque direction; pour ceux qui y assistent depuis l’Asie, cela représente au moins deux jours de voyage aller-retour (pour un coût nettement plus élevé, si les vols étaient autorisés). En outre, ces voyageurs internationaux auraient dû être mis en quarantaine pendant au moins 14 jours. Il leur aurait donc été impossible d’assister au mariage.

À la fin de l’événement, les jeunes mariés ont offert leurs remerciements à l’équipe responsable de l’organisation du mariage en ligne, et nous ont promis que des festivités seraient organisées pour célébrer le mariage une fois l’ordonnance de confinement levée. Nous attendons tous ce jour avec impatience, mais nous avons finalement connu une expérience fort positive dans le cadre de cet événement familial en ligne. Dans ce cas-ci, la célébration virtuelle du mariage était nécessaire, pratique et judicieuse, surtout dans le contexte de la pandémie. Le temps nous dira si les événements familiaux en ligne deviendront la norme dans le futur.

Edward Ng, Ph. D., Institut Vanier, en détachement de Statistique Canada

 

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