Les couples se soutiennent mutuellement pendant la pandémie de COVID-19

Ana Fostik, Ph. D., Jennifer Kaddatz et Nora Spinks

21 avril 2020

Une famille, c’est un système de relations constituées d’actions et de réactions qui se produisent au fil du temps. Le bien-être d’une famille repose sur la capacité de tous ses membres de s’aimer, de s’entraider et de se soutenir les uns les autres, à la fois dans les moments difficiles comme dans les périodes plus tranquilles. Or, les forces et les tensions au cœur de ces relations familiales – comme dans tout système – sont amplifiées et renforcées lorsqu’elles sont soumises à un stress.

Alors que la pandémie de COVID-19 marque potentiellement l’un des moments les plus difficiles de l’histoire du Canada, les couples au pays semblent toutefois se porter relativement bien à ce jour. Les données recueillies au cours de quatre semaines de la pandémie1 révèlent que la plupart des personnes engagées dans des relations sérieuses offrent leurs forces à ces relations, s’appuient l’une sur l’autre et agissent/réagissent de façon positive dans leur gestion commune de la distanciation sociale.

La plupart des couples au Canada se soutiennent mutuellement, ont des conversations enrichissantes et se disputent à peu près autant qu’avant la période d’isolement à domicile.

Huit adultes en couple sur 10 affirment bien se soutenir mutuellement

Selon les données recueillies du 9 au 12 avril 2020, 8 personnes sur 10 âgées de 18 ans ou plus (80 %), et mariées ou vivant en union libre, affirment qu’elles et leur conjoint se soutiennent davantage depuis le début de la pandémie de COVID-19. Ces proportions sont à peu près les mêmes pour les personnes ayant des enfants ou des jeunes à la maison (77 %) que pour celles qui ne comptent aucun enfant de moins de 18 ans dans leur ménage (82 %).

Les adultes se soutiennent davantage qu’auparavant, quelle que soit l’incidence de la pandémie sur leur situation d’emploi : 82 % de ceux dont la situation professionnelle s’est détériorée (perte d’emploi temporaire ou permanente, perte de revenus ou de salaire) et 81 % de ceux dont la situation professionnelle n’a pas été affectée déclarent bénéficier d’un soutien accru de la part de leur partenaire.

Les personnes d’âge moyen sont moins susceptibles que les personnes plus âgées de dire qu’elles et leur partenaire se soutiennent mutuellement, 75 % des 35 à 54 ans étant d’accord avec l’affirmation, contre 84 % des 55 ans et plus.

Il est intéressant de noter que les hommes sont plus nombreux que les femmes (84 % et 77 % respectivement) à affirmer entretenir une relation de soutien avec leur partenaire.

Plus de 4 adultes sur 10 ont des conversations plus enrichissantes avec leur conjoint

Communiquer de façon claire est important pour le bien-être de la famille. Selon les données recueillies entre les 9 et 12 avril, plus de 4 adultes sur 10 (43 %) étant engagés dans une relation sérieuse au Canada disent avoir des conversations plus enrichissantes depuis le début de la pandémie de COVID-19. C’est particulièrement le cas chez ceux dont la situation sur le marché du travail s’est détériorée depuis le début de la pandémie : 51 % d’entre eux déclarent avoir des conversations plus enrichissantes avec leur partenaire, contre 36 % de ceux dont l’emploi ou le revenu n’a pas été touché par la pandémie. Seuls 10 % des adultes ne sont pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle ils auraient des conversations plus enrichissantes avec leur conjoint.

Les hommes sont légèrement plus nombreux que les femmes à affirmer entretenir des conversations plus enrichissantes avec leur conjoint(e) ou partenaire depuis le début de la pandémie de COVID-19, soit 45 % contre 40 %. Les jeunes sont également plus nombreux (52 % des 18 à 34 ans) que les adultes plus âgés (40 % des 35 à 54 ans et 41 % des 55 ans et plus) à faire une telle affirmation.

Les personnes mariées ou vivant en union libre et ayant des enfants ou des jeunes à la maison sont à peu près aussi nombreuses que celles qui n’ont pas d’enfants à affirmer entretenir des conversations plus enrichissantes avec leur partenaire depuis le début de la crise, soit 44 % et 42 % respectivement.

Quatre adultes sur 10 se sentent plus proches de leur partenaire

Possiblement en raison du bon soutien mutuel ou des conversations enrichissantes qu’ils entretiennent, près de 4 adultes engagés dans une relation sérieuse sur 10 (41 %) affirment se sentir plus proches de leur conjoint ou partenaire depuis le début de la pandémie de COVID-19. Cette proportion est encore plus élevée chez les Canadiens qui ont perdu leur emploi, leur revenu ou leur salaire en raison de la pandémie : 48 % d’entre eux déclarent se sentir plus proches de leur conjoint ou de leur partenaire, contre 34 % chez ceux dont l’emploi n’a pas été touché par la pandémie.

La proportion de ceux qui se sentent plus proches de leur conjoint est à peu près la même chez les hommes (44 %) et les femmes (38 %), et est également relativement stable selon le groupe d’âge et la présence ou non d’enfants dans le ménage. Selon les données recueillies du 9 au 12 avril, 43 % des personnes mariées ou vivant en union libre avec des enfants de moins de 18 ans à la maison disent se sentir plus proches de leur conjoint depuis le début de la pandémie.

Lorsque l’on regarde les données en fonction des régions, c’est en Ontario et en Colombie-Britannique que l’on retrouve le pourcentage le plus élevé de personnes affirmant se sentir plus proches de leur conjoint, avec 48 % et 43 % respectivement, et dans les Prairies que l’on retrouve le pourcentage le plus faible, avec 30 %.

L’Ontario est la seule province qui affiche actuellement une augmentation de la proportion d’adultes se sentant plus proches de leur conjoint aujourd’hui comparativement à plus tôt dans la pandémie, la proportion étant passée de 39 % lors du sondage du 10 au 13 mars à 48 % dans le sondage du 9 au 12 avril.

Moins de 2 adultes sur 10 engagés dans une relation sérieuse se disputent davantage

Seulement 18 % des personnes mariées ou vivant en union libre ont déclaré se disputer davantage avec leur conjoint ou leur partenaire depuis le début de la pandémie. En effet, environ 54 % se disent en désaccord avec l’affirmation selon laquelle ils se disputeraient davantage, alors que 28 % ne sont ni en accord ni en désaccord avec celle-ci.

Cependant, les jeunes adultes engagés dans une relation sérieuse – avec une personne de leur âge ou une personne plus âgée – sont plus susceptibles de déclarer qu’ils se disputent davantage avec leur partenaire que les personnes plus âgées. Près de 3 adultes sur 10 âgés de 18 à 34 ans (28 %) déclarent se disputer davantage avec leur conjoint ou leur partenaire depuis le début de la pandémie de COVID-19, contre 19 % des 35 à 54 ans et seulement 12 % des 55 ans et plus.

Les Canadiens qui ont subi une perte d’emploi ou de revenus en raison de la pandémie ont tendance à se disputer davantage qu’auparavant dans des proportions plus importantes que ceux qui ont conservé leur emploi : 26 % et 16 % affirment se disputer davantage.

Les disputes avec un partenaire sont souvent liées au stress et à d’autres indicateurs de bien-être et, selon les données du 9 au 12 avril, environ 6 jeunes femmes sur 10, âgées de 18 à 34 ans, disent éprouver « très souvent » ou « souvent » de l’anxiété ou de la nervosité (64 %), de l’irritabilité (64 %) ou de la tristesse (59 %), et 45 % affirment avoir de la difficulté à dormir. Ces pourcentages sont nettement plus élevés que ceux de leurs homologues masculins et sont également supérieurs à ceux des femmes de plus de 55 ans, parmi lesquelles environ 5 sur 10 disent ressentir « très souvent » ou « souvent » de l’anxiété ou de la nervosité (46 %) ou de la tristesse (50 %), alors que moins de 3 sur 10 (28 %) affirment se sentir irritables et 36 % disent avoir de la difficulté à dormir.

Ana Fostik, Ph. D., Institut Vanier, en détachement de Statistique Canada

Jennifer Kaddatz, Institut Vanier, en détachement de Statistique Canada

Nora Spinks est directrice générale de l’Institut Vanier de la famille.


Note

  1. Le sondage, mené du 10 au 13 mars, du 27 au 29 mars, du 3 au 5 avril et du 9 au 12 avril 2020 comprenait environ 1 500 personnes de 18 ans et plus qui ont été interrogées à l’aide d’une technologie ITAO (interview téléphonique assistée par ordinateur) dans le cadre d’une enquête en ligne. Les échantillons du 27 au 29 mars, du 3 au 5 avril et du 9 au 12 avril comprenaient également un échantillon de rappel d’environ 500 immigrants. À l’aide des données du Recensement de 2016, les résultats ont été pondérés en fonction du sexe, de l’âge, de la langue maternelle, de la région, du niveau de scolarité et de la présence d’enfants dans le ménage, afin d’assurer un échantillon représentatif de la population. Aucune marge d’erreur ne peut être associée à un échantillon non probabiliste (panel en ligne, dans le présent cas). Toutefois, à des fins comparatives, un échantillon probabiliste de 1 512 répondants aurait une marge d’erreur de ±2,52 %, et ce, 19 fois sur 20.

 

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